Le changement climatique constitue un problème urgent, mondial et systémique susceptible de menacer la viabilité des organisations, des marchés et des économies. Il comporte des risques à la fois physiques (par exemple, des phénomènes météorologiques de plus en plus violents) et des risques de transition (par exemple, ceux liés à l’évolution vers une économie sobre en carbone qui peuvent affecter la valeur des actifs ou entraîner une augmentation des coûts d’exploitation).[1] Une transition sobre en carbone modifiera le mode de fonctionnement des économies, engendrant à la fois de l’incertitude et des opportunités importantes.[2]
La transition vers une société sobre en carbone ne peut être réalisée par le statu quo. L’action pour le climat exigera la mise en place d’initiatives et d’incitations politiques pertinentes, une réglementation cohérente et réfléchie, une évaluation rigoureuse des risques climatiques, des pratiques commerciales efficaces et une communication de haute qualité qui fasse progresser l’action et l’adaptation pour le climat. En leur qualité de membres ou de conseillers de chaque gouvernement, entreprise et organisation à but non lucratif, les comptables professionnels peuvent exercer une influence et permettre la transition vers des économies sobres en carbone.
L’IFAC s’engage à travailler avec la profession comptable mondiale en vue de :
- renforcer les connaissances et les capacités des comptables de manière à faire progresser les objectifs de développement durable (ODD), lesquels fournissent une feuille de route interconnectée vers un avenir prospère, équitable et durable. Les ODD comprennent l’ODD 13, un engagement des 193 États membres des Nations Unies à prendre des mesures urgentes dans la lutte contre le changement climatique et ses conséquences. Les risques climatiques se répercutent sur l’ensemble du programme de développement durable à travers les défis environnementaux et sociaux découlant de l’inaction face au changement climatique ; et
- devenir la voix mondiale de l’action pour le climat au nom de la profession, par l’intermédiaire du B20, du G20 et de l’OCDE.
Nous invitons nos organisations membres, les comptables indépendants et les groupements de comptables[3] à s’engager dans l’action pour le climat et à faire partie de la solution.
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1. Rôle des gouvernements, des entreprises et des autres parties prenantes
Les gouvernements, les entreprises et la société civile devront agir de concert pour susciter une action décisive en faveur du climat. Les Accords et engagements internationaux sont aussi importants que les politiques nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les entreprises et les économies dans lesquelles ces gaz font des dégâts ont besoin de mesures d’incitation appropriées, tant pour la production que pour la consommation, afin de passer à une économie sobre en carbone.
- L’IFAC soutient l’Accord de Paris[4] comme moyen de transition vers un avenir sobre en carbone. Bien que ledit Accord et l’ODD 13 renforcent la riposte mondiale face au changement climatique par le biais d’un dialogue international, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Les engagements et les efforts nationaux actuels en matière de réduction des émissions sont insuffisants au regard des objectifs de l’Accord de Paris.
- L’IFAC invite instamment les gouvernements à prendre des mesures décisives visant à mettre le monde sur la voie d’un avenir durable. Les gouvernements devraient tirer parti d’occasions telles que les réunions de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (ou des CDP) de décembre 2019 et de novembre 2020 de manière à offrir une plus grande certitude aux entreprises et à encourager les investissements dans les technologies et les innovations à faibles taux d’émission.
- L’IFAC est convaincue du fait que la transition vers une économie sobre en carbone nécessitera des initiatives politiques et réglementaires pertinentes fondées sur le marché, ainsi que des mesures d’incitation dans toutes les juridictions, de même qu’une meilleure évaluation et une meilleure notification des risques climatiques. Les stratégies, objectifs et budgets à long terme en matière d’émissions fournissent aux organisations la certitude dont elles ont besoin pour entreprendre des investissements importants dans la « décarbonisation » et dans des technologies innovantes sobres en carbone pour réduire les émissions.
- En abordant le risque climatique comme tout autre risque majeur, les Conseils d’administration devraient pouvoir estimer l’impact du changement climatique sur la stratégie commerciale et sur les actifs des organisations à long terme. Les Conseils peuvent alors s’assurer que les décisions d’allocation de capital et d’investissement constituent des ripostes aux risques climatiques et permettent de saisir les opportunités porteuses d’avantages concurrentiels.
1. Le changement climatique et les risques climatiques extrêmes comptent parmi les cinq premiers sujets de l’enquête du Forum économique mondial, édition 2019 sur l’Enquête mondiale sur la perception des risques menée par les chefs d’entreprise. L’étude KPMG Global CEO (1 300 PDG, 11 pays) classe le risque lié à l’environnement et au changement climatique au premier rang des risques, « plus des trois quarts des PDG (76 %) indiquant que la croissance de leur organisation dépendra de leur capacité à passer à une économie sobre en carbone et en technologies propres ».
2. Réaliser l’histoire de la croissance inclusive du XXIe siècle : Accélérer les actions pour le climat dans un contexte d’urgence, La nouvelle économie climatique
3. La comptabilité au service de la durabilité du Prince de Galles (Accounting Bodies Network) relève également ce défi et rendra public son engagement en faveur de l’action pour le climat en 2020.
4. L’Accord de Paris est l’Accord mondial sur le climat de la 21e session de la Conférence des parties (CDP) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui a eu lieu à Paris en décembre 2015. Il fournit un cadre précis à l’action internationale et a mis en place un environnement politique visant à faciliter l’investissement et l’innovation en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.
2. Rôle des organismes professionnels comptables (OPC)
Les OPC jouent un rôle déterminant dans la transition et l’adaptation au changement climatique aussi bien au niveau des entreprises individuelles, des secteurs industriels que de l’ensemble de l’économie. Les OPC devront travailler en collaboration avec d’autres organismes à la recherche de solutions.
- L’IFAC est convaincue du fait que la voix et le point de vue des OPC est important dans le débat sur le changement climatique. Les OPC peuvent plaider en faveur de politiques et de réglementations cohérentes et réfléchies, ainsi que d’informations de gestion et de publication utiles sur les risques climatiques. Afin de relever ce défi, les OPC doivent nouer des partenariats et travailler de concert avec un large éventail de parties prenantes, notamment les gouvernements, les organismes de réglementation, les bourses, les organisations et coalitions d’entreprises, sans oublier la communauté universitaire.
- L’IFAC soutient les OPC dans leur mission consistant à tenir les comptables informés de la manière dont ils peuvent soutenir les efforts de leurs organisations et de leurs clients en matière de gestion et de communication autour des risques climatiques. Les OPC ont un rôle important à jouer en fournissant à leurs membres la formation, le soutien et la structure nécessaires à la mise en œuvre de leurs compétences en matière d’adaptation et de notification relatives au changement climatique.
- L’IFAC est convaincue du fait qu’il existe un besoin urgent d’informations plus pertinentes, plus fiables et plus homogènes (voir Améliorer les rapports d’entreprise) notamment en ce qui concerne les risques climatiques.[5] Tandis que de plus en plus d’entreprises prennent des mesures visant à comprendre et à gérer leurs risques climatiques, nombre d’entre elles ne parviennent pas à analyser ou à divulguer pleinement leurs risques climatiques et leurs émissions. La profession comptable doit contribuer à fournir des informations de haute qualité concernant le climat, afin de permettre aux investisseurs et aux autres parties prenantes de prendre des décisions mieux informées sur l’allocation des capitaux et d’inciter les entreprises à s’interroger sur la capacité de résistance de leurs stratégies et de leurs modèles économiques.
5. Le Groupe de travail sur la publication d’informations financières sur le climat créé par le Conseil de stabilité financière (FSB) a publié des recommandations largement acceptées pour une divulgation cohérente, comparable et fiable des informations liées au climat. Conjuguées aux rapports intégrés, ces recommandations devraient servir de base à l’intégration du risque climatique dans la réflexion et la communication d’une organisation sur la création de valeur à long terme.
3. Rôle des comptables professionnels
Les comptables exercent une influence sur les gouvernements, les organisations à but non lucratif et les entreprises, que ces dernières soient de grande ou de petite envergure. En vertu de leur responsabilité d’agir dans l’intérêt public, les comptables sont particulièrement bien placés pour renforcer les mesures concrètes de lutte contre le changement climatique en fournissant des informations et des analyses pertinentes, des rapports et des garanties visant à aider les organisations à créer et à protéger la valeur à long terme.
Les comptables professionnels, de par leurs différents rôles au niveau de la gouvernance, de la stratégie et des opérations, apportent une contribution importante en aidant les gouvernements, les marchés de capitaux et les entreprises à dresser et à mettre en œuvre des plans d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. L’IFAC entend poursuivre sa collaboration avec ses organisations membres et d’autres organisations afin de soutenir et de faciliter la participation des comptables professionnels à l’action pour le climat à travers les mesures suivantes :
- Fournir des données et des informations objectives afin d’aider les organisations à fixer et à atteindre des objectifs d’émissions appropriés.
- Participer aux efforts visant à intégrer les risques liés au changement climatique dans la gouvernance, la stratégie, les finances et les opérations, et permettre la diffusion d’informations fiables et utiles à la prise de décision en matière de climat.
- Communiquer des informations sur les incidences financières du risque climatique et sur la manière dont celui-ci est lié aux recettes, aux dépenses, à l’actif, au passif et au capital financier.
- Garantir les informations sur le climat afin de renforcer la confiance du public en matière de divulgation d’informations[6] et de faciliter les flux de capitaux vers les organisations durables.
- Fournir des conseils sur les changements potentiels de la législation fiscale en matière de réglementation des émissions et contribuer à répondre aux exigences fiscales en constante évolution qui subissent les effets du changement climatique.
6. La garantie de la divulgation des informations sur les émissions de GES au niveau national ou au niveau de l’entité est soutenue par la norme internationale sur les missions d’assurance™ 3410 qui couvre les déclarations relatives aux GES