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Une opportunité pour les comptables : S’affirmer comme leaders de la gestion des risques d’entreprise

Stuart Chaplin, Stathis Gould  | 
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Le rapport de l’International Federation of Accountants (IFAC), Optimiser l’apport des comptables à la gestion des risques d’entreprise, met l’accent sur l’importance de la gestion des risques d’entreprise (GRE) et sur le rôle de premier plan que peuvent jouer dans ce domaine les comptables, les chefs des finances et les fonctions Finances. Nous estimons que les professionnels comptables ont aujourd’hui la possibilité d’accroître l’efficacité de la GRE dans leurs organisations. Pour cela, ils doivent être considérés comme des experts en risques, ouverts sur l’extérieur et capables de fournir des informations précieuses pour alimenter une gestion des risques et des opportunités qui aidera les organisations à créer de la valeur et à la préserver.

La création de valeur et le succès à long terme reposent sur la qualité des décisions prises. La GRE vise à favoriser la prise de décisions plus éclairées dans l’ensemble de l’organisation, et ce, dans un contexte d’incertitude accrue causée par des facteurs très divers, notamment les événements géopolitiques, la volatilité des marchés financiers, les développements technologiques, la cybersécurité, les préoccupations en matière de protection des renseignements personnels et les changements climatiques. En règle générale, pour prendre de meilleures décisions, il faut disposer de meilleures informations sur la nature des opportunités et des risques. Dans une banque, les sources de création de valeur peuvent être très différentes de celles qui existent dans une entreprise de biens de consommation. Cela dit, malgré les modèles d’affaires distincts, c’est la capacité de naviguer dans l’incertitude et de gérer les problèmes qui détermine si une organisation prospèrera à l’avenir. 

Un grand défi est le fait que de nombreuses organisations n’ont pas de processus intégré de gestion des risques.

Selon un sondage mené par la North Carolina State University et l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA) auprès d’organisations en majorité américaines, des pressions s’exercent pour accroître l’attention portée par les directions à la surveillance des risques. D’après les répondants, le volume et la complexité des risques sont à la hausse, et la plupart des entreprises ont du mal à réaliser une gestion intégrée des risques. Le sondage révèle que moins de 20 % des organisations interrogées considèrent que leur processus de gestion des risques est intégré à leur stratégie et à leurs objectifs. Cela indique que la gestion des risques demeure un processus cloisonné dans bon nombre d’organisations, et tout porte à croire que cette situation est la même dans la plupart des pays.

Pour les chefs des finances et les équipes des finances, la GRE est une occasion en or d’offrir une valeur supplémentaire à l’organisation.

La contribution des comptables à la GRE améliorera la prise de décisions en mettant de meilleures informations à la disposition des conseils d’administration et des directions qui doivent composer avec l’incertitude. Toutefois, la GRE ne pourra les aider à mieux gérer l’incertitude que si les informations sont exhaustives, connectées et pertinentes. Une meilleure information se traduit en fin de compte par une meilleure compréhension des opportunités et des risques dans le contexte de ce qui se passe à l’extérieur de l’organisation, comme la modification des attentes et des préférences des consommateurs, l’arrivée de nouveaux concurrents ou l’émergence de contraintes relatives aux ressources.

Les chefs des finances et leurs équipes seront des leaders de confiance en matière de GRE s’ils fournissent des informations utiles provenant des données et des activités des différents secteurs de l’organisation, et s’ils jouent un rôle de coordination essentiel afin d’offrir une compréhension holistique des risques et des opportunités. Les chefs des finances et les comptables ayant des responsabilités bien définies de gestion des risques sont en meilleure position pour apporter une contribution personnelle et collective à la GRE.

Heureusement, les entreprises ont de plus en plus tendance à confier la gestion des risques au chef des finances à titre de responsabilité fonctionnelle, selon le dernier sondage de McKinsey auprès des chefs des finances. Pour diriger efficacement la GRE, il faut investir dans la fonction Finances, ainsi que dans l’ensemble des compétences professionnelles en finances.

Le rapport de l’IFAC fait trois principales recommandations aux chefs des finances et à la fonction Finances pour qu’ils puissent améliorer leur contribution à la GRE et contribuer à ce que celle-ci trouve sa place au sein de chaque organisation, mais aussi au cœur des compétences des professionnels comptables.  

Voici ces recommandations :

  1. Faire le lien entre la gestion des risques et la création et la préservation de la valeur – Le chef des finances et la fonction Finances doivent aider le conseil d’administration et la direction à bien comprendre les risques et les enjeux qui importent vraiment, afin de contribuer à l’évolution et à la transformation des modèles d’affaires pour assurer la résilience. Cela implique la saisie et la mesure de données sur les actifs incorporels et les facteurs de valeur essentiels, notamment la marque et la réputation, le personnel et la culture d’entreprise, les données, l’accès aux ressources, le capital intellectuel et l’innovation.
  2. Optimiser les informations pour éclairer les décisions – Une contribution utile à la GRE consiste notamment à fournir des informations aux décideurs. Il arrive que les activités de GRE soient trop centrées sur la détermination de certains risques et la recommandation d’actions défensives. Cette approche peut avoir pour résultat de ralentir l’innovation et de décourager l’exploitation des opportunités, particulièrement celles qui sont liées aux changements cruciaux, comme la transformation numérique et la raréfaction des ressources. Produire de l’information de grande qualité sur les opportunités, les risques et leurs conséquences requiert la modélisation des scénarios et des risques, ainsi que le recours à l’analytique.
  3. Favoriser l’intégration et l’interconnectivité – Les activités de gestion des risques étant souvent exercées en silos, il est difficile de voir si les opportunités et les risques sont gérés de façon complète et intégrée. Le chef des finances et la fonction Finances ont à jouer un rôle important qui consiste à intégrer les données liées aux risques provenant de diverses fonctions et de divers processus dans une présentation holistique s’appuyant sur un cadre de GRE. Une approche de gestion des risques à l’échelle de l’organisation, structurée autour d’un cadre de référence de GRE, comme le cadre du Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Committee (COSO), assure une approche holistique qui favorise le développement d’une culture, de capacités et de pratiques propices à la gestion efficace des risques.

La GRE doit être considérée dorénavant comme une compétence de base dans la formation des professionnels comptables. Le rapport contient des recommandations sur les compétences dont les comptables ont besoin pour être efficaces dans la gestion des risques, et indique comment les organismes membres de l’IFAC peuvent mieux les aider à rehausser leur rôle.

Alors que les comptables en entreprise jouent un rôle de plus en plus stratégique au sein de leurs organisations, la possibilité de favoriser la résilience et la sensibilisation aux risques dans une ère d’incertitude accrue ouvre à notre profession mondiale un domaine clé où elle pourra réaliser des progrès importants.

Stuart Chaplin

Deputy Chair

Stuart Chaplin served as Deputy Chair of the IFAC Professional Accountants in Business Advisory Group in 2020 and a member since 2015 having been nominated by the Chartered Institute of Management Accountants (CIMA).

Mr. Chaplin is the Vice President Finance for Shell Global LNG, Gas & Power Asia and Australia, and Shipping. He joined Shell in 1999 and has held a number of positions, most recently the Chief Risk Officer for Shell Trading & Supply. Previously he was the Global Commercial Finance Manager for Shell’s Retail Business and Director of Shell Brands International AG, Senior Manager for Shell M&A and Financing, and Head of Business Analysis for Shell globally.

Mr. Chaplin is a fellow of CIMA and has served on its technical committee for a number of years. He is also a member of the Association of Corporate Treasurers and holds an MA in Economics & Management from the University of St Andrews in Scotland.

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Stathis Gould

Director, Member Engagement and PAIB

Stathis Gould is responsible for IFAC member engagement and leads IFAC’s advocacy for professional accountants working in business (PAIB) and the public sector. A key element of his work is developing thought leadership and guidance in support of enhancing the recognition of and confidence in professional accountants as CFOs, business leaders, and value partners in the context of sustainability/ESG, data and digital transformation, and other emerging business trends and issues.

Before joining IFAC, Stathis worked at the Chartered Institute of Management Accountants (CIMA), where he was responsible for planning and overseeing a program of policy and research that promoted and developed management accountancy. Prior to serving the accountancy profession, he worked in various roles in the private and public sectors in the UK. There, Stathis delivered financial and performance management in the National Health Service and worked for a technology company responsible for delivering the localization of software and content across the globe.

Stathis holds a BA in European Business Studies, an MBA (with distinction), and a postgraduate certificate in Environmental Management, Economics, and Policy. He is a member of the Institute of Management Accountants.